Il s’agit parfois de dompter sa part d’ombre, de lui tourner autour pour mieux la circonscrire et la réduire à portion congrue. Il s’agit de ne pas se laisser aller, dans la chaleur de nos vies confortables, dans l’élan des conversations et des petits tracas. Modeste proposition est là pour ça.
Il est plutôt avenant le comédien Jonathan Heckel. Il partage son sauc’, amorce une conversation de comptoir. On parle de la vie de quartier, les enfants, tout ça... Et puis alors qu’il rejoint son plan de travail pour préparer ce qui s’avèrera être un hamburger, il égrène l’air de rien, pour parler, quelques chiffres, il partage son inquiétude pour l’avenir de l’humanité, et au détour d’un coup de hachoir à steak nous livre sa théorie – en réalité celle que Jonathan Swift écrit en 1729 dans Modeste proposition pour empêcher les enfants pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et les rendre utiles au public. L'idée est la suivante : pour résoudre d’un coup les problèmes de la pauvreté et de la faim dans le monde, pourquoi les familles pauvres ne vendraient-elles pas leurs jeunes enfants comme mets de choix pour les estomacs plus aisés ?
Cette modeste proposition vous fera peut-être vomir, sourire, rire, tempêter. On en sort l’estomac plein et la vigilance affutée. Quoi de mieux qu’un peu de chaleur, de contact humain et de bonne chair pour réveiller notre bonne conscience ?
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